courbetTous les jours, les médias nous informent d’événements qui peuvent potentiellement nous menacer : la montée du Front National et de l’extrême Gauche en France, une nouvelle incursion d’un navire chinois dans les eaux japonaises ou encore la découverte d’un nouveau virus… Face aux dangers anticipés du monde, nous pouvons soit fuir dans l’ignorance, soit agresser l’étranger injustement ou bien faire face et prendre le risque de vivre sereinement avec intelligence et ouverture.

D’après le rapport de l’ecnp de 2011, 14% de la population européenne est touchée par un trouble anxieux, soit un total approximatif de 70 millions d’européens, dont 7,9 millions qui souffrent de Trouble Panique, 10,1 millions de Phobie Sociale ou encore 8,9 millions de Trouble de l’Anxiété Généralisée (TAG). Les troubles de l’anxiété touchent 1,5 européen sur 10 ! Comprendre et traiter l’anxiété devrait être une priorité pour l’Europe et pour les individus.

Que sait-on aujourd’hui de l’anxiété ? Nous pouvons définir l’anxiété comme une réaction affective normale produite par l’anticipation d’une menace potentielle. À la différence de la peur qui est transitoire et réactionnelle à la perception d’un danger présent, l’anxiété peut durer des heures sans la perception d’un danger réel. Pour illustrer cette définition, nous allons faire un petit détour vers nos amis les rongeurs. Robert et Caroline Blanchard, de l’Université d’Hawaï ont décrit le comportement anxieux du Rat. Ils leur offraient un environnement semi-naturel composé de plusieurs galeries souterraines qui s’ouvraient et convergeaient vers une plateforme extérieure sur laquelle ils pouvaient se nourrir. Un jour pour les bienfaits de la Science, ils décidèrent de placer à l’endroit de leur nourriture habituelle, un chat ! Nos amis les rats détectèrent au loin l’horrible bête prédatrice, s’immobilisèrent et retournèrent dans leur cachette souterraine. Ici, la peur guida leur comportement. Après un brainstorming approfondi, le couple Blanchard aboutissent à une étrange et utile idée. Ils remplacèrent le félin par l’une de ses crottes ! Dans ces conditions, leurs protégés hyper-vigilants avancèrent précautionneusement vers la plateforme, prenant tous les risques « raisonnables » pour leur récompense alimentaire. Ici, l’anxiété influença leur comportement. Les scientifiques qualifièrent ce comportement d’anxieux pour trois raisons : il n’est pas déclenché par une menace réelle mais par un danger potentiel ; il dure plusieurs heures ; et il diffère de la fuite ou du combat par une prise de risque (R. & C. Blanchard, 1993). Nous pouvons prendre un exemple plus évocateur pour un citadin, celui de la voiture. Un piéton traversant un boulevard sans faire attention aperçoit avec surprise une voiture roulant à vive allure dans sa direction. Percevant le danger immédiat, la peur le saisit et le fait fuir de cet environnement hostile. Maintenant qu’il a retrouvé son trottoir, il se sent en sécurité. L’émotion a disparue aussi vite qu’elle est apparue. Le lendemain reprenant le même trajet, il anticipe l’apparition potentielle de cette ancienne menace, de cette folle voiture. Plus il se rapproche de la situation passée, plus il ressent de l’anxiété et plus il ralentit et devient en hyper-vigilance. Au boulevard il s’arrête, fait bien attention à gauche puis à droite et une fois que la situation est perçue comme inoffensive, il décide de prendre le risque de traverser. L’anxiété diminue progressivement après qu’il ait retrouvé le trottoir.

Du comportement aux neurones anxieux : Cette différence de comportement s’observe-t-elle dans les limbes de notre cerveau ? Nous avons dans ses profondeurs à gauche et à droite une structure nerveuse en forme d’amande qu’onRéseau neuronal de l'anxiété nomme « amygdale. » À quoi sert-elle ? Pour répondre, nous allons nous tourner vers les travaux de Michael Davis de l’Université Yale à New Haven. Il démontre qu’il existe deux substrats neuronaux distincts pour la peur et l’anxiété au sein de l’amygdale : le noyau central pour la première et le noyau du lit de la strie terminale pour la seconde. Quand nous bloquons chez le rat, le noyau central, nous observons qu’il ne manifeste plus de réaction de peur face aux dangers présents par contre il demeure anxieux face aux dangers potentiels. Et l’inverse est constaté quand on empêche le fonctionnement du noyau du lit de la strie terminale : la peur est conservée et l’anxiété éliminée. L’amygdale est donc une structure émotionnelle qui commande la peur quand le danger est présent et l’anxiété quand il est anticipé. Elle est d’autant plus importante qu’elle se loge en dehors de la conscience et que son fonctionnement est inconscient.

L’anxiété est donc normale et utile pour la personne. Elle lui permet de s’adapter à son environnement. À quel moment l’anxiété devient-elle pathologique ? L’anxiété devient pathologique quand elle est chronique sans être capable d’être contrôlée et pousse l’individu à l’évitement inadapté. Revenons à notre citadin. Son anxiété serait pathologique si elle était présente quotidiennement indépendamment des situations extérieures et si à l’idée de traverser un boulevard, son anxiété le force à éviter l’épreuve. L’anxiété n’est pas pathologique en soi mais elle devient inadaptée si elle contraint l’individu à éviter les menaces anticipées. Comme la peur nous incite à fuir ou à combattre le danger présent, l’anxiété nous prépare à prendre des risques face aux possibles.

La perte de contrôle et l’évitement cognitif automatisé sont communes à tous les troubles anxieux particuliers. Ces derniers se catégorisent par le type de menace représentée. D’après le DSM-IV, la menace dans le Trouble Panique est les sensations corporelles associées à la peur ; dans la Phobie simple, c’est une situation ou un objet particulier ; dans l’Etat de Stress-Post-Traumatique (ESPT), c’est le souvenir d’un événement traumatique ; dans la Phobie Sociale (PS), c’est la réaction de l’autre à soi ; dans le Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC), c’est une pensée intrusive (l’obsession) et dans le Trouble de l’Anxiété Généralisée (TAG) c’est l’incertitude (les soucis).

Au-delà des dysfonctionnements anxieux particuliers, ce qui prime c’est l’anxiété de base, l’« humeur anxieuse » qui est une disposition affective durable. L’humeur anxieuse influence notre perception et notre attention. Elle nous fait percevoir le monde comme menaçant. Je suis anxieux donc je suis menacé ! Par exemple, l’homme anxieux perçant un trou dans le mur de son salon, découvre un poussière rouge imprévue. Son anxiété représente cette matière comme étrange et potentiellement dangereuse puisqu’inconnue, se disant « Je suis intoxiqué par son inhalation ! Je dois immédiatement me déplacer aux urgences !» Cette même réalité aurait été sans aucun doute perçue différemment s’il avait été moins anxieux avant de commencer ce travail. C’est pourquoi il est toujours mieux pour soi et son entourage d’entreprendre des tâches manuelles reposé(e)… L’amygdale est directement  responsable de cette humeur anxieuse.

Comment l’amygdale influence inconsciemment notre perception et notre attention ? Notre esprit ressemble à une pyramide par sa structure hiérarchique. L’inconscient est tous les étages en-dessous du sommet de la conscience. L’amygdale se situe justement à l’un des étages les plus bas de notre cerveau. Avant même de prendre conscience de notre émotion, l’amygdale traite l’information et commande les réactions affectives et motrices appropriées.

  • L’anxiété modifie notre perception du monde en relevant le seuil perceptif de notre conscience. L’anxiété produit ce qu’on peut appeler « une défense perceptive » en nous protégeant de la prise de conscience d’une menace et de son ressenti anxieux. Quels sont les faits qui nous permettent d’accorder du crédit à cette affirmation ? Dès 1949 le psychologue McGinnies se pencha sur ces fameuses « défenses perceptives » d’une manière expérimentale. Il présentait des stimuli visuels subliminaux qui étaient formés de mots ou de syllabes associés antérieurement à des sensations désagréables. Les stimuli subliminaux sont des sensations perçues par les systèmes sensoriels sans dépassées le seuil de la conscience (>50ms) et de ce fait ne sont pas identifiées consciemment par la personne. À la suite des stimulations, il recueillait la réaction émotionnelle par l’enregistrement des réponses électrodermales. Résultats : les sujets soumis aux stimuli nociceptifs réagissent émotionnellement sans prendre conscience du stimulus subliminal et de sa réaction affective !  Il s’avère donc que le cerveau est capable de détecter si un mot est menaçant ou pas sans faire appel à la conscience et simultanément il met en place des mécanismes de défense inconscients qui la protègent de la perception de la menace anxiogène. Une autre expérience qui illustre ce processus inconscient : les chercheurs Mathews et MacLeod (1985) placent des sujets anxieux et des non-anxieux en situation d’écoute dichotique autrement dit ils présentent simultanément des sons dans les deux oreilles via un casque. La variable observée est le temps de réaction des anxieux et des non anxieux. La tâche expérimentale est constituée de sous-tâches : répéter à haute voix les courtes histoires entendues à l’oreille droite (dans le but d’utiliser l’attention volontaire) en ignorant ce qui peut parvenir à oreille gauche. La tâche secondaire consiste à surveiller simultanément un écran, sur lequel peut apparaître un stimulus visuel simple. Le sujet doit réagir le plus vite possible en appuyant sur un bouton. En parallèle, les psy émettent des mots parasites du côté gauche, des mots neutres et des mots menaçants comme « cancer », « échec », « rejet », etc . Ces mots ne sont jamais consciemment perçus étant filtrés par l’attention volontaire (vous pouvez d’ailleurs faire vous même l’expérience de votre filtre attentionnel en allant sur ce site, regardez la vidéo et comptez le nombre de passes entre les participants). Résultats : on observe une différence du temps de réaction entre les anxieux et non anxieux lors des présentations des mots menaçants sans que les sujets anxieux prennent conscience des mots anxiogènes et des durées de réaction supplémentaire. Conclusion : contrairement aux non-anxieux, les anxieux perçoivent inconsciemment l’information menaçante.
  • L’anxiété oriente automatiquement notre attention vers des menaces potentielles. Elle amplifie spontanément la saillance des pensées menaçantes sans la présence nécessaire de déclencheur extérieur. Combien de fois par jour, nos patients nous disent : « J’ai l’impression que mon anxiété se déplace. Je m’inquiète pour un problème puis un autre et encore un autre. Sans que ça s’arrête. » L’humeur anxieuse oriente et déplace notre attention sur chaque menace possible ce qui en retour renforce l’anxiété. L’amygdale facilite inconsciemment le traitement conscient de l’information émotionnelle. L’expérience d’Anderson et de Phelps (2001) nous offre des données empiriques allant dans ce sens en étudiant le phénomène de clignement attentionnel chez des patients souffrants d’une perte de l’amygdale. Le clignement attentionnel apparaît quand un stimulus vient d’être perçu, une période attentionnelle réfractaire se produit pour l’identification d’un deuxième stimulus, quand les stimuli sont présentés à grande vitesse. Ce déficit de la conscience transitoire est réduit pour les stimuli émotionnels. Autrement dit, l’émotion augmente la saillance du stimulus et sa probabilité d’être détecté. Si l’amygdale est responsable de cette facilitation émotionnelle, on devrait observer sa disparition chez les patients souffrant des lésions de celle-ci. Effectivement, l’expérience montre que chez ces patients l’amplification attentionnelle de l’émotion due à l’amygdale est abolie. L’hyper-activation de l’amygdale chez les anxieux facilite bel et bien inconsciemment et involontairement le traitement des informations menaçantes. Ce biais attentionnel est universel. Mais qu’est-ce qui distingue l’anxieux normal du pathologique ? Grâce aux recherches de Posner, nous savons que nous devons décomposer les processus de l’attention en trois opérations : (1) celle du désengagement de l’attention d’un stimulus ; (2) celle du déplacement de l’attention et (3) celle du réengagement de l’attention vers le nouveau stimulus. Sur la base de cette analyse, Posner et son équipe a développé une tâche, appelée paradigme de la cible indicée de Posner ou tâche d’indiçage attentionnel ou encore tâche de Posner modifiée qui permet d’étudier les changements de l’attention spatiale. Attention ! Soyez attentif à l’explication de la tâche pour bien comprendre les résultats. C. Douillez et P. Philippot (2008) la décrivent de la manière suivante :
    Exemple d'un essai valide (a) et d'un essai non-valide (b)
    Exemple d’un essai valide (a) et d’un essai non-valide (b)

    « Le paradigme de la cible indicée consiste à présenter deux rectangles de part et d’autre d’une croix de fixation. Classiquement la tâche comporte 3 types d’essais : les essais indicés valides, les essais indicés non valides et les essais non indicés. Dans les essais indicés, un des rectangles change de luminosité (surbrillance), tandis qu’aucun changement n’apparaît dans l’essai non indicé. Lorsque l’indice est valide, la cible (un astérisque) apparaît dans le même rectangle que celui ayant changé de luminosité alors que lorsque l’indice est non valide, la cible apparaît dans le rectangle n’ayant pas changé de luminosité. Le participant a comme tâche d’indiquer si la cible apparaît à gauche ou à droite. L’expérience comporte 2/3 d’essais avec un indice valide, 1/6 des essais avec un indice non valide et 1/6 des essais sans indice. Les participants sont plus rapides pour répondre à une cible qui suit un indice valide qu’à une cible suivant un indice non valide. Ce résultat est interprété comme une preuve du coût en temps de l’action de désengager l’attention d’un indice non valide (Broomfield et Turpin, 2005). »  Cette explication était nécessaire pour comprendre la prochaine étude sur les anxieux sociaux qui utilise cette tâche. Amir (2003) a comparé les réponses d’anxieux sociaux et de non anxieux à ce problème. Ici à la différence de la surbrillance, les indices étaient des mots perçus comme socialement  menaçants (stupide), positifs (heureux) et neutres (lave-vaisselle). Les réponses observées des anxieux sociaux montrent qu’ils mettent plus de temps à localiser la cible (l’astérisque) quand un mot socialement menaçant est présenté en position contraire à celle-ci comparativement à celles des non-anxieux. Cela signifie que l’anxieux social se caractérise par la difficulté à désengager son attention des menaces sociales. L’anxiété engage automatiquement l’attention vers les menaces potentielles mais l’anxiété pathologique la maintient d’une manière inadaptée vers elles. L’esprit est comme tétanisé par le danger potentiel perdant sa flexibilité mentale. Inconsciemment l’anxiété normale engage l’attention vers la cible menaçante et la désengage vers de nouvelles représentations ce qui protège en amont la conscience de l’individu alors que l’anxiété pathologique engage et maintient l’attention vers le danger ce qui favorise la prise de conscience de l’information anxiogène.

Rappelons que notre conscience est un espace de travail global qui synthétise les informations provenant des systèmes perceptuels (Présent), de la Mémoire à long terme (Passé), des systèmes motivationnels (Valeurs), et des systèmes attentionnels (Focalisation) et commande le comportement (systèmes moteurs – Futur-) (Changeux, 1998). Les informations deviennent conscientes quand elles atteignent cet espace de travail global sous-tendu par le réseau cortical fronto-cingulo-pariétal. Les représentations n’accédant pas à ce réseau mental sont inconscientes. Certaines peuvent devenir conscientes sous l’effet de l’attention volontaire (représentations préconscientes) et d’autres restent inconscientes ne pouvant pas accéder à la conscience (représentations subliminales).(cf Modèle de taxonomie des traitements).

Taxinomies des états de conscienceComment les pensées deviennent conscientes ? Quels sont les facteurs qui accroissent la force du stimulus et lui permette d’accéder à la conscience en franchissant son seuil ? Les facteurs sont :

  • La force de l’habitude, plus une représentation est répétée et renforcée et plus elle accède facilement à la conscience.
  • La force de la nouveauté, plus une information interne ou externe est inattendue par sa nouveauté et plus elle a de chance de frapper notre conscience.
  • La force de l’émotion, plus l’émotion est forte et plus les informations associées à celles-ci sont transmises rapidement à l’espace conscient.

L’anxiété étant une émotion, elle a donc le pouvoir de stimuler et de sur-activer les perceptions et les pensées en les rendant anxiogènes (comme la poussière rouge provenant du mur de mon patient). Leur force d’activation s’accroit et de cette manière elles pénètrent sans invitation les frontières de la conscience. Une fois de plus, cette force d’activation émotionnelle est déterminée par l’amygdale. L’émotion sollicite l’attention volontaire de la conscience.

Capture émotionnelle de l'attention
Capture émotionnelle de l’attention

La conscience anxieuse est sollicitée constamment par l’amplification attentionnelle ascendante de l’amygdale. L’attention automatique de l’anxieux pathologique est captée et captivée par la menace. Ce qui explique ce que nous pouvons nommer « le cycle anxieux ». Où le patient décrit des thèmes anxieux récurrents qui apparaissent, disparaissent et réapparaissent. Comme nous pouvons le voir dans le schéma ci-contre de la capture émotionnelle de l’attention, l’amygdale stimule la force de l’activité nerveuse de la représentation perceptive du cortex sensoriel (1) et de cette façon elle permet à l’information d’atteindre le réseau supérieur du cortex pariétal (2) qui lui-même transmet l’urgence à l’espace conscient sous-tendu par le cortex préfrontal (3). La pensée accédant au cortex préfrontal devient consciente sous l’influence de l’émotion constituée par l’amygdale. Pour finir, la conscience anxieuse oriente son attention vers la représentation de la menace en étant captivée par celle-ci (4).

Le cycle anxieux
Le cycle anxieux

Le cycle anxieux s’explique par l’habituation qui engendre une diminution de la force d’activation du stimulus et par l’augmentation de l’intensité d’un nouveau stimulus. Ce qui engendre l’impression psychologique pour les anxieux généralisés de passer d’une obsession à une autre sans raison apparente. Dans le schéma du cycle anxieux, les flèches en pointillées représentent le premier thème anxieux qui s’atténue sous l’effet de l’habituation et les flèches pleines décrivent la nouvelle pensée angoissante en attendant l’apparition d’une autre. Ce cycle anxieux remet en cause en partie l’approche cognitive classique de l’anxiété qui affirme que ce sont les cognitions de menace qui sont à l’origine de l’anxiété. Même si cela reste évident, il est important de comprendre que l’anxiété pathologique est relativement autonome des pensées et qu’elle génère par elle-même le caractère anxiogène des représentions mentales.  Nous sommes anxieux parce que nous anticipons des menaces qui nous angoissent mais aussi nous anticipons des dangers parce que nous sommes anxieux. => Cercle vicieux de l’anxiété.

Une fois que la conscience est capturée par l’anticipation d’une menace potentielle, elle tente de s’en défendre par l’évitement. Pour maintenir le contrôle, la conscience anxieuse évite de porter volontairement son attention vers les différentes pensées angoissantes. Son attention volontaire s’oriente vers des pensées ou des perceptions rassurantes qui tentent d’inhiber la perception du danger. La stratégie de l’évitement attentionnel permet immédiatement de moins ressentir l’anxiété mais maintient la vivacité de la représentation de la menace.

Comment Les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) peuvent guérir les troubles anxieux ? Les TCC fixent plusieurs cibles : le corps anxieux, l’anxiété de base, l’attention anxieuse, la cognition anxieuse et le comportement anxieux.

  • Le corps anxieux : l’anxiété crée une tension musculaire qui en retour maintient l’hyper-vigilance anxieuse. Il est donc nécessaire d’apprendre à se détendre. Et oui ! Ça paraît bête mais la détente ça s’apprend ! Les effets physiologiques de la relaxation sont à l’opposé de ceux que produisent le syndrome général d’adaptation décrit par Selye et la réponse de fuite ou de combat définie par Cannon. Les effets des systèmes sympathique et parasympathique sont modulés par le système nerveux autonome. Les techniques de relaxation ont pour objectif d’aider le patient à retrouver cette capacité naturelle que nous avons tous de ralentir nos fonctions psychophysiologiques, c’est-à-dire de déclencher la réponse de relaxation. Une fiche des techniques de relaxation est présentée par ce document : http://www.acsm-ca.qc.ca/mieux_v/images/CC04/LF-019.pdf. Entraînez-vous avec le lien suivant : http://www.teluq.uqam.ca/siteweb/sante/det_fiche1.php 
  • L’anxiété de base : l’autre moyen pour agir directement sur l’anxiété-trait ou dispositionnelle est la pratique d’une activité physique aérobique. D’après les méta-analyses publiées, vous ressentirez une diminution de votre anxiété structurelle en pratiquant seulement deux séances de sport de 20 à 30 minutes par semaine au bout de 3 mois. Soyons exigeant et efficace car même si deux séances suffisent pour produire des effets à long terme sur notre humeur anxieuse, il est préférable de s’imposer une hygiène de vie journalière. De cette manière, nous profiterons chaque jour de l’effet immédiat de l’activité physique pour la journée.
  • L’attention anxieuse : comme nous l’avons largement vu l’attention est capturée et captivée par l’anxiété. La conscience anxieuse tente de se soulager en évitant de faire attention aux objets anxiogènes. L’une des activités primordiales pour guérir de l’anxiété pathologique est d’apprendre à faire face mentalement à nos représentations menaçantes et de ne plus les éviter ou de les combattre mais de les accepter comme de simples pensées.Il s’agit de modifier notre rapport à notre  dialogue intérieur. La méditation de pleine conscience est la technique appropriée pour s’entrainer à accepter sereinement ses pensées sans les juger en les acceptant. Vous pouvez commencer votre pratique en allant sur ce lien.
  • La cognition anxieuse : par définition l’anxiété est provoquée par les représentations de menaces potentielles. Il est crucial d’apprendre à prendre conscience de nos anticipations anxieuses, de les identifier, et de les interroger, des les critiquer de les modifier par des pensées plus réalistes et adaptées. Ici la technique de la restructuration cognitive joue tout son rôle.
  • Le comportement anxieux : le but des TCC de l’anxiété n’est pas de faire disparaître l’anxiété mais de l’accepter, de ne plus fuir ou de combattre l’incertitude et les menaces potentielles. Notre but est d’encourager le patient à utiliser son anxiété pour faire face aux risques et de s’y confronter ! L’anxieux pathologique devient normal quand il n’est plus dans la fuite mais dans l’action et la prise de risque. Il ose ! Cet amour du risque s’apprend et se cultive par l’exposition.

L’anxieux généralisé l’est tous les jours et doit donc comprendre que sa psychothérapie doit également être journalière. Si nous souhaitons avoir des résultats et accroître la durée et la fréquence des moments sereins, nous devons fournir des efforts convergents contre l’anxiété pathologique et chaque jour : se détendre activement, pratiquer une activité physique, méditer, combattre son dialogue anxiogène et oser prendre des risques en s’exposant.

Anxieux, encore des efforts pour votre bien-être, nous sommes là pour vous aider et vous accompagner. Courage ! 

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