Commençons par définir la psychothérapie en citant la définition classique de Strotzka (1978).

« La psychothérapie est un processus interactionnel conscient et planifié visant à influencer les troubles du comportement et les états de souffrance qui, dans un consensus (entre patients, thérapeute et groupe de référence), sont considérés comme nécessitant un traitement, par des moyens psychologiques (par la communication) le plus souvent verbaux, mais aussi non verbaux, dans le sens d’un but défini, si possible élaboré en commun (minimalisation des symptômes et/ou changement structurel de la personnalité), au moyen de techniques pouvant être enseignées sur la base d’une théorie du comportement normal et pathologique. En général, cela nécessite une relation émotionnelle solide. »

Ce qu’on peut aimer dans cette définition :

  • Le caractère conscient et planifié de la psychothérapie.
  • Le consensus entre les acteurs de la psychothérapie.
  • La mise en avant d’un savoir-faire pouvant être décrit et enseigné.

Ce que je n’aime pas :

  • La définition de la psychothérapie comme « cure de paroles », donc fondamentalement basée sur la communication. Cette critique peut paraître étrange. Comment peut-on imaginer une psychothérapie sans communication ? Ce n’est pas ce que je dis même si c’est plus ou moins envisageable par des self-helpbook, par la cyberpsychothérapie ou par l’autothérapie.
  • Ce que je n’aime pas en axant la psychothérapie sur la communication, c’est l’idée que la prise de conscience due aux échanges « éclairés » du psy pourrait soigner un trouble mental. Cette conception de la psychothérapie génère ce qu’on appelle « la psychothérapie molle » où le patient parle, parfois écoute sans la moindre résolution de son problème. Oui, c’est intéressant pour le patient et le psy. A la rigueur, il y a un progrès vers la connaissance de soi mais aucun changement concret des processus pathologiques.
  • Que la psychothérapie soit enseignée sur la base d’une théorie. Comment ça ? Vous critiquez aussi ce point ! Bien sûr, je serais d’accord si la définition de la théorie retenue était un ensemble d’hypothèses vérifiables et réfutables par des données observables. Beaucoup sont d’accord avec cette affirmation car elle ne remet pas en cause leur système interprétatif. La psychanalyse, la sorcellerie, la PNL, l’Analyse Transactionnelle (AT) sont toutes considérées comme des « théories » aussi pertinentes que les théories scientifiques alors qu’elles sont des interprétations invérifiables le plus souvent et quand elles le sont, elles sont réfutées par l’expérience. Les disputes intellectuelles et la liberté sous-jacente à celles-ci font parti de notre culture française mais dans le cadre de la médecine et de la psychothérapie, nous ne pouvons pas nous permettre de gloser, d’interpréter, d’imaginer sur la nature et les causes de la souffrance psychologique des personnes qui viennent nous voir.  Peut-on envisager des considérations théoriques de la part de cardiologues ? Non, peut-on donc aussi l’accepter de la part des psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, ceux qui tentent de rétablir l’équilibre du cerveau des personnes ? Non … Nous devons pour la science mais surtout pour la santé des patients, nous baser sur des données scientifiques et en aucune façon sur des pseudo-théories ou des systèmes interprétatifs.
De ces remarques et critiques, nous pouvons concevoir une autre définition de la psychothérapie.

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