Addiction comportementale
Addiction comportementale

Nous ne pouvons pas ne pas rechercher le plaisir et éviter la douleur. Évidente banalité qui rappelle notre déterminisme psychologique et notre absence de liberté. Ces deux pulsions, hédonique et aversive, animent du matin au soir notre conscience. Celle-ci, normalement, tente de maintenir le contrôle en planifiant, en programmant et en exécutant les actes et les buts de nos pulsions. Mais, quand nous ne réussissons plus à garder le contrôle de nos désirs et de nos aversions alors apparaît l’ADDICTION COMPORTEMENTALE.

Elle est « un processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives » (Goodman, 1990). Il y a addiction quand l’homme qui devant l’anticipation d’une tâche pénible préfère visionner des vidéos porno et se masturber en ne réussissant pas à s’arrêter. Il y a addiction quand la femme en rentrant chez elle la tête remplie de toutes les contrariétés de la journée s’enferme dans la cuisine et se soulage en mangeant le maximum d’aliments plaisants et en n’écoutant pas sa petite voix qui lui dit de ne pas craquer… Toutes les addictions commencent et se maintiennent par le refus des états affectifs désagréables. Elles proviennent d’une défaillance de la régulation émotionnelle. Les addicts sont des hommes et des femmes qui n’acceptent pas, qui luttent ou qui fuient leurs émotions négatives en adoptant un comportement qui leur procure du plaisir anesthésiant leur douleur. Combien de millions de personnes devant leur écran de télé pour ne plus percevoir les souffrances de leur vie !?!

Les addictions comportementales ont la double fonction de nous procurer du plaisir et de supprimer nos émotions négatives aussi variées que l’ennui, la colère, le stress, la tristesse, l’angoisse, etc. Peu importe que le comportement addictif soit alimentaire, sexuel, financier, affectif ou technologique, le but est le même : jouir pour ne plus souffrir. Il s’inscrit dans un rapport pathologique aux affects négatifs où ceux-là sont perçus comme intolérables et inacceptables (Schéma : Barlow et Allen, 2007). L’addiction est une tentative souvent victorieuse de la suppression de l’affect négatif. 

La Thérapie Comportementale et Cognitive (TCC) des addictions commence par la compréhension de ces mécanismes. Évidemment, comme toujours, il est nécessaire de faire un travail sur le comportement et les environnements conditionnants, sur les pensées « facilitatrices » des passages à l’actes mais le plus important est de pouvoir apprendre à faire face à nos émotions négatives, à les accepter et à ne pas les combattre ou à ne pas les fuir à travers nos addictions. Accepter notre angoisse de la mort, la colère contre les injustices, le stress du manque de temps, la tristesse de la rupture, l’ennui de nos vies, accepter … De cette manière, j’intègre le sentiment. Il devient moins douloureux, moins intense et il se dissipe.

De la même manière, il s’agit d’accepter nos pulsions sans passer à l’acte. Au début, cette exposition avec inhibition de la réponse est stressante et très désagréable. Mais rapidement, on expérimente un plateau de l’intensité de la pulsion. Le ressenti se stabilise. Toujours en acceptant notre envie sans la juger, sans tenter de la supprimer, sans la fuir, à un moment, on ressent une diminution progressive de l’intensité de la pulsion puis sans savoir vraiment à quel moment on prend conscience que ce qui nous taraudait a disparu. A cet instant, nous avons appris à nous contrôler.

Les TCC des addictions comportementales consistent à apprendre à accepter nos pulsions, à y faire face ! Le contrôle se conquière en acceptant notre déterminisme pulsionnel. 

3 thoughts on “Acceptons nos pulsions ! (TCC des Addictions comportementales)”
  1. Merci Nicolas ! C’est très gentil et vos compliments me touchent…
    Comme vous pouvez vous en douter, j’ai synthétisé de multiples références.
    Mais, je vous en citerai deux :
    En ce qui concerne les addictions comportementales, le livre dirigé par Isabelle Varescon intitulé « Les addictions comportementales – Aspects cliniques et psychopathologiques » est très complet tout en étant précis et agréable à lire.
    Au sujet du lien entre régulation émotionnelle et addiction comportementale, je vous conseille vivement si vous le n’avez pas encore lu l’incontournable livre « Émotion et psychothérapie » de Pierre Philippot.
    Les autres références restent secondaires.
    Je vous remercie encore de votre intérêt.
    À bientôt,
    Boris

    1. Oui celui de Philippot compte parmi mes favoris du moment…il est bien ce philippot quand même! 🙂
      celui d’Isabelle Varescon m’était inconnu; je jeterai un coup d’oeil.

      Merci bien!!

  2. Bonjour collègue!

    Très bien fait cet article, et le site d’une manière générale est sympathique à explorer.
    En tant que psychologue dans une unité d’alcoologie en Lorraine, je vais proposer
    quelques séances de psychoéducation à propos des addictions.

    Je serais curieux de savoir quels livres, articles, vous ont servi de référence pour l’écrire.

    Si vous avez des ouvrages qui représentent pour vous des incontournables, sur des thèmes divers et variés, n’hésitez pas à m’en communiquer, je suis preneur également…:-)

    Longue vie au site et à bientôt peut-être

    Nicolas WILZIUS

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