La jalousie est une émotion normale provoquée par la perception d’un éloignement affectif de l’être aimé, initiée par un concurrent. La fonction de la jalousie sert à informer le jaloux qu’il existe une menace sur l’intimité partagée avec la personne adorée et à maintenir l’exclusivité relationnelle entre eux contre les agressions internes et externes au couple (parent/enfant, amoureux/amoureux, adulte/adulte…). Elle relève de l’attachement affectif entre les individus.

La jalousie n’est : 

  • Ni un désir mimétique : Selon la théorie mimétique de René Girard, la jalousie est un moment dans la dynamique du désir humain. Celui-ci est par nature mimétique, c’est-à-dire que notre désir est emprunté à un modèle, qui désire ou possède l’objet avant nous, et dont l’être nous fascine. Le jaloux est convaincu que l’être jalousé le devance dans la possession de l’objet et lui en interdit l’accès. La complaisance à entretenir ce sentiment vient de ce que l’existence de l’obstacle que constitue le rival jalousé, renforce la valeur de l’objet de la rivalité, laquelle renforce la fascination qu’exerce l’être du rival supposé heureux qui est l’idéal non-conscient du sujet. Critique : La jalousie est fondée sur un désir spécifique, le désir de l’affection de l’autre et de son maintient.
  • Ni le résultat de la sélection sexuelle : Les évolutionnistes nous apprennent que la jalousie, en nous poussant à contrôler notre partenaire, sert à nous garantir le maximum de succès reproductif quel que soit notre sexe. Et, c’est parce que nos ancêtres étaient jaloux qu’ils ont pu transmettre leurs gènes jusqu’à nous (La force des émotions, F. Lelord et C. André. Odile Jacob. 2001, page 246). Critique : La jalousie concerne également les enfants dès l’âge de 5 mois sans enjeu sexuel.

Mais, elle est une émotion normale qui informe l’individu d’un danger d’une rupture affective et de la nécessité de protéger le lien.

La jalousie devient pathologique quand celle-ci n’est pas adaptée à la réalité, sans menace réelle et est accompagnée d’une perte de contrôle.

 La jalousie pathologique engendre trois comportements :

  • Surveillance étroite : le jaloux se tient informé constamment de l’emploi du temps de l’être aimé ;
  • Restriction des contacts : il s’efforce à isoler son adoré de toutes les menaces sociales extérieures en tentant de le séparer physiquement ou affectivement de ses amis, de sa famille, de ses collègues, etc.
  • Dévalorisation de l’autre : le jaloux crée une relation de dépendance affective en rendant l’autre impuissant sans ressource extérieure, allant jusqu’à l’insulter et le menacer.

Le jaloux était-il un « obsessionnel » ? La jalousie peut devenir obsessionnelle quand la personne refuse l’idée de la trahison. Alors commence l’obsession, celle-ci s’impose et la contraint à rechercher des preuves. Conséquences psychothérapeutiques => Acceptation de l’idée d’être trahie et de la rupture (anamnèse => rechercher des séparations difficiles, traumatisantes, non acceptées).

Le jaloux était-il « paranoïaque » ?  La persécution ressentie du jaloux à l’égard de l’être aimé et son agressivité vindicative vont dans le sens de la paranoïa. Néanmoins, nous pouvons aussi concevoir cette jalousie agressive sans interprétation médicale. Ces colères et cette agressivité peuvent être comprises comme toutes les colères normales. Autrement dit, il me paraît normal qu’une personne qui s’attend que l’être aimé ne fasse attention qu’à lui soit en colère contre son amour et lui fasse des reproches à ce sujet.La colère du jaloux provient de son attente irréaliste au sujet de l’être aimé. Ce dernier doit être exclusif à son égard. Tout manquement à cette exclusivité est perçue comme une trahison.

Les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) concernent la jalousie pathologique, celle qui fait souffrir le jaloux et l’être aimé. 

4 thoughts on “Attention jalousie : désir, sexe et amour !”
  1. Je ne saurai affirmer que la jalousie n’a pas été « sélectionnée » évolutionnistement parce qu’elle « concerne également les enfants dès l’âge de 5 mois sans enjeu sexuel », la critique ne vaut pas.

    Car si la jalousie est un phénomène récurrent dès le plus jeune âge, ça n’exclut pas qu’elle joue pour autant un rôle positif (fitness) dans la compétition sexuelle quand elle amène le mâle à garantir l’exclusivité de son accès à la/aux femelles.

    1. Merci Lousk pour ce commentaire car il me permet de développer plus largement mon point de vue sur la biologie évolutive concernant la psychologie.

      J’ai toujours été méfiant à l’égard de la pensée finaliste de la biologie (et aussi de la psychologie) qui consiste à attribuer un but à l’évolution des organismes. Il me paraît important de maintenir un paradigme déterministe et de rechercher les causes des événements avant de concevoir une fin imaginaire.
      La question du « but » en Biologie n’est pas nouvelle évidemment. La question pourrait se formuler de cette manière : les mécanismes phénotypiques s’orientent-ils vers la reproduction du génotype ou bien la reproduction génotypique est-il un moyen pour le phénotype de survivre ? Autrement dit, le but est-il la reproduction du génome, dans ce cas, l’individu n’est qu’un moyen adaptatif ou bien le but est-il la survie du phénotype, dans ce cas, la reproduction n’est qu’un moyen au service de l’individu ?
      Pour être franc, je ne sais pas. Je sais que la plupart des évolutionnistes défendent me semblent-ils la première position, celle du gène « égoïste » où l’individu n’est qu’un avatar de ce dernier. Cette hypothèse ne me pose aucun problème personnel et je peux même dire que j’aime cette conception de l’évolution car elle relativise l’importance des individus. (J’exprime ces précautions car beaucoup de personnes rejètent cette proposition pour la simple raison qu’elle ne correspond pas à leur désir ou leurs croyances).
      Ce qui me dérange dans cette approche est la vision réductionniste de l’organisme basée sur le paradigme classique de la génétique moléculaire où les gènes sont le centre de commande, de construction et de reproduction du phénotype. L’approche systèmique basée sur l’auto-organisation des structures organiques appréhendent les gènes et leurs actions comme une partie dans un tout plus large celui du phénotype. L’organisme devient un système auto-régulé où chaque élément est interdépendant des autres. De leurs interactions émergent une cohésion globale entre ses parties. Ici, l’organisme est un système ouvert déterminé à maintenir son équilibre dynamique (son homéostasie).

      Revenons à la psychologie, à la physiologie mentale. Vous comprenez bien que si vous concevez les individus comme un moyen au service de la reproduction des gènes (« égoïsme génétique ») ou bien que vous percevez les individus vivant pour leur propre conservation (« égoïsme physiologique »), votre représentation du comportement humain sera bien différente.

      Personnellement, je me place dans le deuxième cadre conceptuel. Celui-ci peut être vérifié ou réfuté par nos observations.
      Ce qui m’amuse chez les défenseurs évolutionnistes de la jalousie, c’est de constater qu’ils ressemblent aux psychanalystes en utilisant le concept d’inconscient pour justifier leur « savoir ». De leur point de vue, les individus ne peuvent pas savoir eux-mêmes les vraies raisons de leur comportement. Donc à écouter les évolutionnistes, les jaloux sont jaloux pour accroître leur chance de reproduire leurs gènes. Personnellement, j’ai jamais entendu d’un jaloux ce discours : « Monsieur, je viens vous voir car je n’arrive plus contrôler ma jalousie. Je suis jaloux car je veux être sûr que l’enfant que je n’ai pas encore soit bien le mien, je me sens obligé de surveiller ma compagne et de l’isoler de ses relations sociales ». Même s’il est possible que je puisse l’entendre, pensez-vous que l’argument de l’analyse génétique de la paternité suffira pour calmer la jalousie de cet homme ? Bien sûr que non…
      Ce qui m’importe, c’est de me baser sur l’expérience. Comme je l’ai déjà rappelé, la jalousie s’observe dans différents contextes relationnels, chez les nourrissons de 5 mois, chez les copines et les copains pré-adolescents, chez les parents avec leurs enfants, chez le dirigeant avec ses salariés, etc. La jalousie s’observe dans tous les milieux sociaux sans enjeux sexuel.
      La jalousie est un sentiment qui motive l’individu à maintenir le lien affectif avec les personnes aimées.
      Evidemment les amants sont également jaloux non pas pour protéger leurs gènes mais leur relation exclusive.

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