Tristane Banon

Tristane Banon

Anne Mansouret, la mère de Tristane Banon, a révélé qu’elle avait eu des relations sexuelles avec Dominique Strauss-Kahn. Quelles sont les conséquences psychologiques pour sa fille ? 

Il y  a de fortes chances que Tristane Banon ait été au courant des relations entre DSK et sa mère. Et que le fait que cela soit rendu public soit une façon pour Anne Mansouret d’aider sa fille à avancer. La mère devient ainsi une alliée dans la plainte, alors que, jusque-là, on avait l’impression qu’il y avait une rivalité mère-fille.

Règlement de compte

Tristane Banon a en effet rappelé sur le plateau du JT de France 2 que c’est sa mère qui l’avait poussée à ne pas porter plainte. Si Tristane Banon était au courant de ses relations antérieures, cela va dans le bons sens, cela lui permettra de se reconstruire, car elle oblige tous ceux impliqués à prendre position et s’expose elle-même à la vérité de ce qu’il s’est passé. Elle assume ce qu’elle dit avoir vécu.

Tristane Banon et son avocat David Koubbi le 13 juillet 2011 à Paris – Crédit : A. KLEIN / AFP

Nous ne sommes pas dans un huis clos, tout est public ; cela ressemble à un règlement de compte. A l’issue du procès, il faudra espérer pour elle – si elle dit la vérité – qu’il y ait une condamnation pour qu’elle puisse dire qu’elle a été victime et que ses souvenirs ne soient plus traumatisants. Attendre huit ans pour en parler publiquement révèle un mécanisme banal chez les victimes d’agression : l’évitement du souvenir.

Lorsque l’on fait face à une expérience traumatisante, la majorité d’entre nous évitons de nous remémorer l’agression. Et lorsque Tristane Banon en parle sur le plateau de Thierry Ardisson, elle parle d’elle-même comme spectatrice, comme si elle s’était dédoublée, comme pour se défendre de l’agression. Du point de vue psychologique, DSK étant une personne publique, le processus est beaucoup plus compliqué puisque Tristane Banon ne peut pas pratiquer l’évitement et doit se défendre non seulement contre son agresseur potentiel mais aussi contre tous ceux qui ne la croient pas.

L’affaire DSK et la médiatisation de cet homme l’obligent à faire face. Chaque apparition de DSK a réactivé et aurait réactivé perpétuellement le traumatisme si elle n’avait pas entrepris une action judiciaire. De son point de vue, c’est cette réalité médiatique qui l’a incitée à porter plainte. Elle n’avait pas le choix. Si elle est suivie par un psy, je pense qu’il lui a conseillé de porter plainte comme n’importe quel psy l’aurait fait.

Passage à l’acte

Aujourd’hui, Tristane Banon va jusqu’au bout, elle passe à l’acte, elle prend le risque d’affronter ses souvenirs, de les rendre publics quitte à être contredite et attaquée. Cette démarche est dangereuse puisque sa reconstruction dépendra des suites de la procédure judiciaire. Si l’affaire se conclut par un non-lieu ou l’acquittement de DSK, Tristan Banon devra admettre qu’elle n’a pas été agressée. Si, au contraire, le viol est reconnu par la justice, son traumatisme s’intégrera à son histoire et se résorbera.

Il faut aussi garder à l’esprit qu’une personne ne développe un traumatisme à l’issue d’une agression qu’en fonction de ce qu’elle a vécu avant ; il n’y a pas de traumatisme objectif, c’est la façon dont la personne interprète l’agression qui provoque un psycho-trauma. Quelqu’un d’autre aurait pu ne pas accorder d’importance à ce qu’il s’est passé, ou bien, au contraire, considérer cet événement comme inacceptable et se suicider. Tristane Banon n’a pas forcément eu une enfance facile avec l’absence de son père et la présence de sa mère en politique. Qu’elle ait rendu public l’ensemble de ce qu’il s’est passé, l’aidera sûrement à avancer à l’avenir.

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/174444;revelations-d-anne-mansouret-quel-impact-psychologique-pour-banon.html

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